EMPLOI. Si les gouvernements souhaitent aider les entreprises qui se tournent vers l’immigration en réduisant de façon significative les délais permettant la venue de aux travailleurs immigrants de venir s’établir au Québec et d’ainsi contribuer au développement de son économie.
C’est ce que mentionne le président-directeur général de Rotobec, Robert Bouchard, dont l’entreprise entend ajouter une soixantaine de ces travailleurs immigrants en 2019.
M. Bouchard souligne que l’entreprise, basée à Sainte-Justine, a toujours le vent dans les voiles. «Au cours de la dernière année, on a embauché 60 personnes à Sainte-Justine alors que du côté de Rotobec USA, on a créé une dizaine de postes et ce nombre devrait augmenter.»
Le dirigeant ajoute que le transfert de certaines activités vers Rotobec USA n’a eu aucun effet sur l’usine de Sainte-Justine, bien au contraire. «Il n’y a pas de projets qui ont été annulés à Sainte-Justine à cause de cela. On a tellement d’ouvrage et de produits à faire ici, que l’on manque de personnel.»
M. Bouchard ajoute qu’aux 60 nouveaux travailleurs issus de l’immigration prévus à Sainte-Justine en 2019 s’ajouteront assurément des travailleurs de la région qui seront recrutés. «Pour les immigrants, tu dois prévoir au moins 10 mois pour passer à travers les démarches et les délais. On a mené deux missions en Colombie et au Costa Rica où nous avons déjà recruté une quarantaine de personnes.»
Le PDG de Rotobec est d’avis que les problèmes de délais proviennent autant du provincial que du fédéral. «Quand tu essaies d’en savoir davantage, ils se lancent la balle. Ce qu’on demande aux gouvernements, c’est d’aider nos entreprises dans leurs efforts de recrutement. On ne veut pas de subventions. Les personnes que l’on choisit répondent à tous les critères. Elles n’ont pas de dossiers criminels, elles ont fait des études et ont des familles qui vont s’établir ici par la suite.»
M. Bouchard rappelle que pour une entreprise comme Rotobec, il en coûte 5 000 $ pour chaque employé immigrant qui est recruté. «On fait affaire avec une agence externe qui nous représente sur place. Ils se déplacent pour nous et organisent des cours à distance avec les équipements nécessaires. Une préentrevue est organisée avant qu’on ne se rende sur place. Il y a aussi tout un lot de paperasse à remplir», poursuit le dirigeant qui mentionne qu’un processus bien établi doit être respecté afin d’accueillir ces travailleurs et les intégrer.
Quant à la décision du nouveau gouvernement caquiste de réduire les seuils d’immigration, le dirigeant se montre prudent. «Je m’en tiens aux préoccupations de Rotobec. S’ils veulent réduire le nombre d’immigrants et que cela permet de réduire les délais de traitement des demandes pour les travailleurs immigrants, je suis pour, mais il faut que ça permette d’accélérer le recrutement.»
Robert Bouchard rappelle également que les réalités changent d’une entreprise ou d’une région à l’autre. «Ici, ils sont bien intégrés à notre réalité et ça va bien dans l’usine. Nous avons des chefs d’équipes costaricains et colombiens et peut-être que certains d’entre eux deviendront éventuellement contremaîtres, ce n’est qu’une question de temps. L’apprentissage du français va bien aussi. Les gens sont sérieux et veulent l’apprendre.»
Formation professionnelle
Toujours selon Robert Bouchard, pour 20 postes comblés par des Québécois, l’entreprise doit embaucher 60 travailleurs immigrants. «On manque de jeunes intéressés par la formation professionnelle. On a reçu la visite d’une quinzaine de jeunes du CIMIC il y a peu de temps. C’était un beau groupe composé d’une quinzaine de jeunes, mais cela fait longtemps qu’il n’y en a pas eu autant.»
Le PDG rappelle toutefois que les besoins sont grands partout en Beauce-Etchemins. «Quinze jeunes en usinage, c’est le fun, mais je pourrais en embaucher une dizaine par moi-même. Ce n’est pas suffisant.»
M. Bouchard mentionne que l’entreprise fait ce qu’elle peut pour embaucher des jeunes issus des différents centres de formation professionnelle de la région. «On disait la même chose de la formation professionnelle il y a 20 ans. Il n’y a pas assez de jeunes intéressés par ces métiers qui, soit dit en passant, sont de bons métiers, bien rémunérés et offrant de bonnes conditions de travail et une stabilité d’emploi. Il y aura toujours du travail pour les bons machinistes, les bons soudeurs et les bons mécaniciens.»
Source: Serge Lamontagne, La Voix du Sud, le mardi 18 décembre 2018