DÉVELOPPEMENT. Le président de l’Union des producteurs agricoles de Chaudière-Appalaches (UPA), James Allen, approuve la sortie de son homologue provincial, Marcel Groleau, qui s’affiche contre un troisième lien à l’est, de crainte qu’il accélère l’étalement urbain sur les bonnes terres agricoles au sud de Québec.
Selon lui, tout le débat actuel est notamment dû au fait que plusieurs contraintes sont actuellement imposées aux agriculteurs et devraient être ramenées dans l’actualité. Dans un premier temps, le moratoire actuel sur les superficies en culture et le fait que les MRC de l’est soient plutôt incisives sur le déboisement amène l’UPA à regarder la situation dans son ensemble. «Avec les paramètres que nous avons aujourd’hui, je suis à la même place que lui. Depuis 2004 que l’on perd des superficies cultivables. Peut-on avoir une industrie agricole qui continue de croître alors que la quantité de terres que l’on peut cultiver ne cessent de baisser? Si les paramètres changent, ce sera autre chose, mais pour l’instant, nous en sommes là», indique-t-il.
Ce moratoire, imposé par le ministre de l’Environnement de l’époque, André Boisclair, avait été mis en place afin de protéger la qualité des eaux. Les agriculteurs font maintenant valoir que les pratiques agricoles ont changé, des bandes riveraines sont maintenant respectées, et que plusieurs efforts ont été investis pour améliorer la situation.
Les plus belles terres
James Allen ajoute que les terres visées par la venue d’un éventuel troisième lien sont parmi les plus prometteuses pour l’agriculture. «On ne peut pas cultiver sur un rocher. Avec le troisième lien, ce sont des terres parmi les meilleures que l’on vise aussi. Ce sont les plus fertiles».
Alors que certains élus ont déjà laissé entendre que leur développement résidentiel serait limité advenant la venue d’un lien à l’est, James Allen estime ne pas faire nécessairement cette lecture de la situation. «Avec les dernières demandes formulées à la CPTAQ, ce n’est pas ce que je comprends. Des municipalités du littoral ont déjà pour 15 ans de terres non zonées à leur disposition pour se développer et font toujours des demandes malgré tout».
C’est pourquoi il aimerait voir les municipalités de la région faire preuve d’ouverture, notamment pour la mise en disponibilité de lieux boisés. «Si on prend des terres ailleurs, nous devrons les mettre à niveau. Les cinq MRC à l’est de ma région sont les plus sévères à ce niveau. Il ne faut pas qu’elles se cachent derrière le gouvernement provincial, mais plutôt qu’elles se montrent de bonne foi. Tout cela pourrait faire partie des réflexions et c’est déjà dans leur cour».
Le dossier de la protection des milieux humides n’est pas encore effectif, mais sera bientôt une autre réalité avec laquelle devront composer à la fois les municipalités, mais aussi les agriculteurs, ajoute M. Allen. «Les MRC doivent les identifier et ce sera davantage restrictif que le moratoire lui-même. Si la carte actuelle établie par Canards Illimités devient effective, on pourrait nommer plusieurs endroits identifiés de la sorte, mais qui ne le sont pas».
Sur le sujet, James Allen distingue une certaine exagération dans la volonté des autorités de protéger l’environnement. «Certains endroits ciblés ne sont pas nécessairement humides, mais il y a de la végétation qui pousse à ces endroits. On ne doit pas identifier ces endroits, mais plutôt les caractériser. À partir de ce moment, on les protégera et on pourra dédommager les agriculteurs en conséquence».
Source: Eric Gourde, La Voix du Sud, le mardi 20 novembre 2018