GÉNÉROSITÉ. Enseignante en francisation aux écoles Appalaches et Fleur-de-Soleil de Sainte-Justine, Sophie René cherchait un moyen de faciliter la tâche de quelques familles immigrantes des Etchemins, dont les enfants sont ses élèves.
Sophie René a connu une période de trois semaines chargée au début de la crise, une belle initiative de sa part.
(Photo : gracieuseté)
Les parents de ces enfants sont employés dans des entreprises de la MRC des Etchemins, mais la plupart font partie des personnes n’ayant aucun revenus depuis le début de la crise, surtout que pour les entreprises ayant toujours des employés au travail, le principe de l’ancienneté venait déterminer lesquels demeureraient actifs.
«Pendant trois semaines, nous avons nourrit 29 familles. Comme enseignante, j’ai ces enfants dans mes classes. Au début j’allais à l’épicerie pour nourrir deux familles que je sentais que les choses allaient moins bien. Quelques jours plus tard, c’était cinq familles, ensuite 10 et ainsi de suite», raconte Sophie René qui a dû puiser dans ses ressources personnelles au départ pour venir en aide à ces familles de Colombie et du Costa Rica en grande partie.
«Je voulais pallier le trois semaines d’attente qui se dessinait entre le début de la crise et l’entrée des premiers versements du chômage ou de la PCU du gouvernement fédéral. Je pense qu’on a bien réussit, tout le monde a été nourrit avec deux paniers par semaine.»
Les besoins devenant grandissants, elle a écrit un message à tous ses collègues des écoles où elle est employée, avec l’accord des directions. Une autre enseignante, Patricia Bernard, l’a rejoint pour l’appuyer. «Nous sommes privilégiés d’avoir encore un salaire qui entre, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. En deux semaines, j’ai dû recevoir environ 3 500 $ de dons et de nourriture. Certains ont fait des dons en argent, d’autres ont cuisinés.»
Un effet boule de neige
Cette première vague d’implication a été suivi d’une autre, celle de producteurs acéricoles de la région qui ont aussi décidé de faire leur part. L’un des acériculteurs ayant contribué à la cause, Patrick Bouchard avoue qu’avoir été sensibilisé à la situation l’a fait réagir. «Ces gens-là sont arrivés ici avec pas grand-chose. Il est normal qu’ils n’aient pas encore d’économies. Alors, pas de chômage pour un certain temps, des adultes et des enfants à nourrir, c’était évident et normal que des choses n’allaient pas. Surtout que la fête de Pâques approche, l’idée était bonne d’embarquer et de faire notre part.»
Keven Marcoux, Louis-Roger Pouliot, Benoit et Philippe Bouchard et Éric Lafontaine de l’Érablière du Lac sont d’autres personnes ayant participé à l’idée, tout comme Confiseries Yoma de Lac-Etchemin avec des chocolats de Pâques. Deux cuisinières, Pauline Gagnon et Diane Bolduc, ont cuisiné des repas, et les enseignants des écoles Appalaches, Fleurs de soleil et Notre-Dame de Lac-Etchemin ont remis de l’argent pour permettre l’achat de denrées. Le CJE et L’Essentiel des Etchemins ont aussi participé à la logistique.
Juan-Sebastian Florez Vargas et Sofia Florez Vargas de Sainte-Justine ont pu recevoir leur part de chocolat de Pâques.
Sophie René a raison de sourire, puisque son initiative a permis à ces familles de traverser les trois semaines névralgiques, certains ayant reçu leurs premiers montants d’argent. «Je continue d’appeler mes familles et si je vois qu’il y a d’autres besoins, je vais y aller. Les dons que l’on reçoit maintenant sont dirigé vers l’Essentiel des Etchemins qui assure le dépannage alimentaire dans la région.»
Source: Eric Gourde, La Voix du Sud, le 12 avril 2020