SOCIÉTÉ. Proche aidante depuis 20 ans, Ghislaine Lapointe de Sainte-Sabine a été directement touchée, comme plusieurs autres, par les conséquences de la pandémie de COVID-19 et du confinement obligatoire du printemps.
Atteint de la maladie d’Alzheimer, son époux Réal Carrier vit au CHSLD de Lac-Etchemin (Sanatorium Bégin) depuis six ans. Les 14 années précédentes, il est demeuré à la maison, Mme Lapointe l’accompagnant dans les diverses phases de la maladie.
« J’allais le voir trois fois par semaine lorsque le confinement est arrivé. J’ai été trois mois sans pouvoir le visiter et ce n’était pas évident. Heureusement, on a un excellent service au Sanatorium qui me tenait régulièrement au courant de ce qui se passait. Je pouvais le voir grâce à des sessions Zoom, sur iPad, en plus de lui parler au téléphone », raconte-t-elle.
Âgée de 78 ans, Mme Lapointe avoue que lors du confinement, elle est demeurée bien sagement chez elle, de crainte d’attraper le nouveau coronavirus. « Ça me faisait peur. Comme bien d’autres, une voisine allait chercher mon épicerie et la laissait sur la galerie. On tombe seul et on ne voit personne, mais une chance qu’on a le téléphone et la technologie pour parler et voir notre monde. »
Elle avoue que la COVID lui fait moins peur qu’au printemps, qu’elle l’assume davantage maintenant. « Je sais à quoi m’en tenir et je fais très attention », souligne Mme Lapointe qui se réjouit du fait que la MRC des Etchemins était demeuré en zone orange lui avait permis de poursuivre ses visites à son époux. « Tout est fait de façon sécuritaire. Il y a bien des règles à respecter. »
Apprivoiser la vie de proche aidante
Il y a 20 ans, la vie de Ghislaine Lapointe a changé du tout au tout lorsque son mari a reçu le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. « Pendant les 14 années qu’il a été à la maison, ça n’a pas toujours été facile. Il y a eu les sautes d’humeur qui venaient avec la non-acceptation de la maladie qu’il fallait apprivoiser, tant de son côté que du mien. »
Mme Lapointe reconnaît que la situation a été très difficile au début, surtout quand il a perdu son permis de conduire. « C’était dramatique. Je le comprenais, car je me disais que si j’avais été à sa place, je n’aurais pas aimé ça moi non plus. Il fallait que je trouve des façons de l’accompagner et c’est ce que j’ai tenté de faire pendant toutes ces années «’ mentionne-t-elle en ajoutant qu’elle avait reçu beaucoup d’aide.
« On avait vécu la situation avec son père qui était atteint de la maladie plusieurs années auparavant. En étant impliquée dans de nombreux organismes, j’étais consciente que j’étais devenue proche aidante et je savais où aller chercher de l’aide », poursuit-elle en disant avoir reçu du soutien de Nouvel Essor, de la Coopérative de services à domicile des Etchemins et de la Société Alzheimer Chaudière-Appalaches, notamment. « Tu as besoin d’être accompagnée d’une excellente travailleuse sociale et j’ai eu cette chance », indique-t-elle en ajoutant qu’elle avait également un excellent support de ses enfants dans cette tranche de sa vie.
Ghislaine Lapointe souligne qu’elle n’hésite pas à aider les gens qui lui demandent conseil, qu’elle se fait un point d’honneur de les référer aux bonnes ressources, au besoin.
Source: Serge Lamontgne, La Voix du Sud, le 4 novembre 2020