ETCHEMINS. Depuis le début de l’automne dernier, la municipalité de Saint-Magloire est devenue une terre d’accueil pour quelques familles ukrainiennes qui, comme des milliers et des millions d’autres, ont fui les horreurs de la guerre provoquées par l’invasion de leur pays par les Russes, il y a un peu plus d’un an.
Belle photo de famille unissant les trois familles présentement établies à Saint-Magloire, qui sont accompagnées de Claudine Marceau et Stéphanie Lamontagne.
(Photo : La Voix du Sud – Serge Lamontagne)
Après Maryna Chernopolska et son époux Mohamed Amine Boudlablij, en août dernier à Lac-Etchemin, le journal a eu l’occasion, le week-end dernier, de rencontrer trois familles établies à Saint-Magloire, localité qui est devenue le centre principal de l’accueil des Ukrainiens dans la MRC des Etchemins.
Arrivés en septembre dernier et originaires de Jitomir, Yevhenii (Zhenya) Sedletskyi, son épouse Liudmyla (Louda) Mevsha et leur fils Timofii disent apprécier grandement l’accueil et surtout le support qu’ils reçoivent depuis leur arrivée en terre magloiroise. Ces remerciements, ils disent les devoir à Stéphanie Lamontagne, artisane de la venue des familles ukrainiennes dans la MRC, mais aussi à la municipalité, aux bénévoles qui les supportent ainsi qu’à la population locale.
« Ils tiennent une fois de plus à remercier Stéphanie pour les efforts qu’elle a consentis, depuis l’été dernier, pour leur permettre de venir s’établir dans la région et surtout d’être réunis avec d’autres familles ukrainiennes. De belles amitiés sont nées de tout cela », confirme Amine Boudlablij qui, même s’il réside maintenant à Saint-Georges, vient régulièrement rencontrer ses amis à Saint-Magloire.
« Je peux appeler Stéphanie et Claudine (Marceau, bénévole responsable de l’accueil des Ukrainiens à Saint-Magloire) n’importe quand et elles sont toujours là pour nous. Nous sommes également disponibles pour aider les gens nous aussi n’importe quand », mentionne Louda.
Accueil et emploi
Selon Stéphanie Lamontagne, le succès de l’accueil, pour ces réfugiés, passe par la francisation, certes, mais aussi par l’obtention d’un emploi rapidement.
Comme on le mentionnait précédemment, c’est au début du mois de septembre que le couple et leur fils sont arrivés à Saint-Magloire. Ébéniste de métier, Zhenya avait un emploi qui l’attendait, celui-ci ayant été embauché par le propriétaire du bloc où ils demeurent actuellement pour aider à la construction de logements, dont le leur. Ce dernier lui a également permis d’aménager un atelier au sous-sol du bâtiment où il réalise des meubles et autres articles en bois.
« Le défi, avant l’arrivée de chacun dans la région, est de leur trouver un emploi ou, à tout le moins, une entrevue d’embauche », mentionne Mme Lamontagne en ajoutant qu’après avoir obtenu un emploi auprès de Réjean Lapointe, un ami de Zhenya, Maksim Telenchuk, qui est arrivé dans les dernières semaines avec son épouse Viktoriia (ils sont aussi originaires de Jiromir), va aussi commencer à travailler pour ce dernier le 1er avril.
Même Louda, à travers ses cours de francisation, a obtenu un emploi à temps partiel à titre de femme de ménage pour l’entretien des logements propriété de M. Lapointe dans le rang Saint-Charles ainsi que dans l’ancien presbytère.
Cette dernière mentionne que si elle entend retourner en Ukraine un jour afin de visiter sa famille qui est toujours là-bas, ils ont l’intention de demeurer en permanence au Québec, elle et son mari ayant fait le choix de quitter l’Ukraine pour offrir un avenir à leur fils.
Les derniers arrivés
Alors qu’une famille quittait pour Saint-Georges le 1er mars dernier, une autre arrivait le même jour, soit celle de Kamran Karimon et son épouse Anna Myroshnichenco, accompagnés de leurs trois enfants en bas âge, Mohamad (3 ans), Khadija (18 mois) et Fatima (8 mois). Ceux-ci sont établis dans le presbytère pour le moment, mais déménageront sous peu dans un appartement.
Ingénieur de formation et originaire d’Azerbaïdjan (son épouse est Ukrainienne), Karman dit apprécier son arrivée dans notre région, lui qui a rapidement trouvé un emploi chez Moulures Modernes de Saint-Magloire.
« Il parle cinq langues et se débrouille bien en français et en anglais. On tient à saluer la participation des frères Jérôme et Mathieu Goulet qui ont facilité son intégration », signale Stéphanie Lamontagne.
« Jérôme a même pris le temps de m’écrire, après son premier jour au boulot, pour me dire que tout s’était bien déroulé. Ce ne sont pas tous les patrons qui auraient pris le temps de faire cela », insiste pour sa part Claudine Marceau qui avait accompagné M. Karimon lors de son entretien d’embauche.
La problématique de la francisation
On retrouve actuellement trois familles établies à Saint-Magloire, mais on devrait en compter normalement cinq, deux ayant quitté pour la Beauce, dont une récemment en raison de l’impossibilité pour eux de suivre des cours de francisation à temps plein et en présentiel sur le territoire etcheminois. Après avoir voyagé trois semaines vers Saint-Georges, Louda a pu obtenir une permission spéciale pour suivre des cours de francisation en virtuel, formation qu’elle suit sur une base quotidienne depuis ce temps.
« C’est difficile d’apprendre le français en ligne, car j’ai beaucoup de questions qui ne sont pas répondues. Le professeur parle français, espagnol, et un peu l’anglais. Je parle un petit peu d’anglais, mais j’ai oublié ce que j’ai appris », mentionne la jeune femme de 40 ans.
« J’ai beaucoup cherché des formations ou tutoriels par YouTube ou autres. J’ai un peu de difficulté avec les articles et le genre des noms, soit le masculin et le féminin. C’est une langue difficile à apprendre », poursuit-elle.
S’il ne parle pas beaucoup français encore, Zhenya apprend le français avec YouTube, mentionne Louda en ajoutant que son mari travaille beaucoup depuis son arrivée ici. « Je l’aide en lui montrant de nouveaux mots chaque jour », poursuit-elle en saluant le soutien d’une bénévole, Miriam Deraspe, qui passe une demi-journée par semaine avec elle pour l’aider avec son français, en plus de converser avec elle chaque jour par Messenger.
« Plus elle entend des gens qui parlent français, plus elle se familiarise avec la langue. À l’épicerie, les gens cherchent aussi à l’aider », ajoute Claudine Marceau en ajoutant que les résidents de Saint-Magloire faisaient preuve d’une belle solidarité à leur égard. « À la demande de Louda, le propriétaire de l’épicerie (Daniel Chabot) a pu leur faire venir certains produits juste pour eux », mentionne enfin Amine.
Source : Serge Lamontagne, La Voix du Sud, 29 mars 2023