INTÉGRATION. C’est le 26 mai dernier que la transaction officialisant la vente du presbytère de Lac-Etchemin aux propriétaires du Belvédère du Lac, Marie-Hélène Lepage et Patrick Nadeau, a été officialisée.
Patrick Nadeau et Marie-Hélène Lepage devant le presbytère de Lac-Etchemin avec la première famille immigrante à être passée dans les murs de l’établissement, soit celle de Jean-Claude Adou de la Côte-d’Ivoire. (Photo La Voix du Sud – Serge Lamontagne)
Les nouveaux proprios soulignent qu’ils avaient un objectif premier, soit de protéger ce joyau du patrimoine lacetcheminois et éviter qu’il tombe dans les mains de promoteurs de l’extérieur et fasse l’objet de spéculation en raison de son accès direct au lac Etchemin.
« L’idée première était de conserver notre patrimoine à Lac-Etchemin, car on ne savait pas encore ce qu’on allait faire avec le bâtiment et le terrain. On voulait éviter des remords et on voulait surtout être partie prenante du développement futur de ce site », explique Marie-Hélène Lepage
« Nous avions pensé à faire un lieu d’hébergement pour les personnes handicapées, mais ce n’est pas adapté et ça aurait coûté une fortune à transformer, en raison des normes et autres », mentionne Patrick Nadeau qui, tout comme sa conjointe, précise que la recherche d’une vocation n’a pas été longue, finalement, une annonce du CJE des Etchemins sur les réseaux sociaux ayant attiré leur attention.
« On a vu une annonce du CJE disant qu’ils étaient à la recherche de logements pour les travailleurs étrangers qui venaient travailler au Centre de santé en juillet et on a levé la main. On leur a dit que nous n’avions pas de logement, mais une bâtisse avec sept chambres, si ça pouvait aider. Ils ont répondu positivement et c’est comme cela tout a commencé », poursuit Mme Lepage en mentionnant que le CISSS avait des besoins pour quatre familles arrivant d’Afrique.
« On trouvait que c’était beaucoup, alors on a dit oui pour deux familles qui vont habiter ici », ajoute l’entrepreneure qui offrira donc un toit, à coût raisonnable, à deux familles venant de l’île de la Réunion ayant, ensemble, 9 enfants. « On aura trois chambres disponibles quand même, elles peuvent servir au besoin. Elles sont toutes meublées. »
Tout à faire
Le presbytère devient donc une maison d’accueil pour les nouveaux arrivants, que ce soit de façon transitoire ou régulière. Lors d’une récente visite du journal, celui-ci accueillait temporairement un père de famille venu de Côte-d’Ivoire et ses trois enfants qui étaient en transit à cet endroit en attendant de prendre possession de leur nouveau logement le 1er juillet. L’épouse de ce dernier devrait faire son arrivée prochainement dans la région également.
« Quand on a pris possession des lieux, il n’y avait plus rien, ni meuble, ni cadre. On a donc aménagé des espaces pour les deux familles qui vont vivre ensemble. Ils vont partager salon et cuisine, mais chacun aura sa chambre », indique Patrick Nadeau en mentionnant que chaque pièce a été meublée.
« On voulait que ce soit meublé de façon à ce qu’on dise que nous aussi, du jour au lendemain, on pourrait s’y installer. C’est beau et efficace, sans oublier l’accès au lac qui est facile. »
Faciliter l’intégration
Marie-Hélène Lepage mentionne que par leur action, ils cherchent également à donner un coup de pouce aux employeurs qui, comme eux, ont besoin de main-d’œuvre étrangère pour la poursuite de leurs activités. « On a vécu cette situation au Belvédère où nous avons dû trouver des logements pour certains de nos employés qui viennent de l’étranger. Il faut se réveiller et se mettre en mode accueil pour ces gens-là, car on va avoir besoin d’eux pour mettre de la vie dans nos communautés. Il faut faciliter leur intégration afin qu’ils aient envie de rester chez nous à long terme », indique-t-elle.
Patrick Nadeau renchérit en mentionnant que la région des Etchemins et en particulier Lac-Etchemin, dans ce cas-ci, a ce qu’il faut pour attirer ces travailleurs et leurs familles. « On a un bel endroit à leur offrir avec la nature et les services à proximité. Juste ici, on a l’épicerie POP, la caisse populaire et l’église, sans oublier l’école qui est facilement accessible. Quand ils arrivent ici, on doit leur montrer comment fonctionnent nos électroménagers et plein de petits éléments auxquels ils ne sont pas habitués. On prend le temps de le faire, car l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants, c’est important. »
Le couple rappelle que les gens qui quittent ainsi leur pays et viennent s’établir chez nous pour améliorer leur sort le font à coup de grands sacrifices.
« C’est une grosse décision qu’ils prennent de tout laisser derrière eux pour refaire leur vie ici. On a souvent l’impression que les gens qu’on amène ici vivent dans la pauvreté dans leur pays alors que ce n’est pas nécessairement le cas. Ceux qui arrivent ici, au presbytère, sont des gens avec une grande culture générale. C’étaient des infirmiers d’État dans leur pays, mais bien souvent, leur métier n’est pas reconnu à sa juste valeur dans leur pays, c’est souvent pour cela qu’ils quittent pour venir ici. »
Source : Serge Lamontagne, La Voix du Sud, 23 juin 2023