RELIGION. La région de Bellechasse-Etchemins a un nouveau prêtre depuis quelques semaines. Alex Cordoni vient tout juste d’avoir 30 ans et a quitté son Italie natale à l’âge de 19 ans pour étudier et être ordonné prêtre. Il remplace l’abbé Aubin Somé appelé à servir en Beauce au début de l’été.
L’abbé Alex Cordoni semble bien apprivoiser le défi devant lui. (Photo : La Voix du Sud – Éric Gourde)
En fonction dans la région depuis le début du mois d’août, son arrivée au Québec n’a toutefois rien du hasard. Il a fait ses études au Séminaire Redemptoris Mater de Québec (ne pas confondre avec les Rédemptoristes) où il a fait son parcours d’initiation chrétienne. «Après mon parcours, j’ai participé à une retraite avec d’autres garçons intéressés à entrer dans un séminaire. Le choix de la destination du candidat se fait au hasard et j’ai finalement été destiné au Québec.»
Son ministère est toutefois très différent de celui qu’il occupait avant, alors qu’il œuvrait pour la paroisse Notre-Dame de L’Annonciation, qui regroupe L’Ancienne-Lorette, Duberger et Les Saules. «Ce n’est pas très grand comme territoire et avec beaucoup de population, environ 70 000 personnes. Là c’est le contraire, 29 églises pour environ 45 000 personnes. Ici, c’est très différent des dimanches classiques et de l’image que l’on se fait de la vie d’un prêtre. On fait de la route. L’an dernier à l’Ancienne Lorette, j’ai fait 2 500 kilomètres pour l’année et depuis que je suis dans Bellechasse, j’ai déjà 5 000 kilomètres de parcourus au mois d’août uniquement», indique-t-il en riant.
Comme l’abbé Thomas Malenfant, il sera appelé à visiter toutes les communautés des trois paroisses de Bellechasse-Etchemins. Il est confiant que la formule fonctionne. «Grâce à Dieu, nous sommes de bons amis Thomas et moi. Nous avons été formés dans le même Séminaire et avons la même vision de la pastorale. C’est une formule qui est toutefois risquée», convient-il.
L’esprit de communauté
L’abbé Cordoni espère aider les gens à retrouver le sens de l’assemblée chrétienne. Le décès de son père l’a incité à se tourner vers les autres et amené dans cette voie. «Je n’ai pas toujours été catholique convaincu. Mon père est décédé d’un cancer du cerveau alors que j’avais 13-14 ans et mon monde s’est effondré. Je me suis posé plusieurs questions. Ce qui m’a amené vers la foi, c’est d’échanger en petits groupes, en communauté. La solitude est un problème majeur de notre société et le fait d’avoir des assemblées d’églises viendra permettre aux gens d’être ensemble.»
Il se considère autant missionnaire que prêtre. «On n’appartient pas à une congrégation et le volet missionnaire est très important. Nous sommes au service des paroisses, mais si des besoins surgissent ailleurs, nous pouvons être appelés ailleurs. C’est différent, mais c’est aussi plus en lien avec le côté missionnaire de la pratique. On ne peut pas être partout et répondre à ce désir que le prêtre soit partout et fasse tout. Certains milieux ont de la difficulté à comprendre qu’ils doivent se prendre en main et que le destin de l’église ne dépend uniquement du prêtre.»
Déjà, de belles idées sont en train de se mettre en place dans plusieurs localités, selon lui. «Nous allons lancer les parcours Alpha à l’automne et on y croit beaucoup. Certaines initiatives d’évangélisation sont prometteuses. On devra aussi s’investir dans les petits groupes où la foi n’est pas acquise. Le fait de visiter les communautés chrétiennes occasionnellement nous oblige à donner une présence de qualité et non pas pour bousculer le contenu. Le rapport avec les personnes est très différent. On a un devoir d’être vrai. Il faut dire la vérité.»
Pour l’Abbé Cordoni, la messe est la célébration et le cœur de la foi chrétienne, mais ce n’est pas la seule façon de l’enseigner. «C’est le point d’aboutissement. Il y a toute une démarche autour de cela. Dans les dernières années, nous n’avons peut-être pas fait suffisamment de choses pour comprendre les gestes que l’on fait et le sens de notre foi. Il y aura de la résistance de certaines personnes qui ne comprennent pas. La messe est toutefois une partie de mon ministère.»
Il remarque un vent de jeunesse et un virage dans la façon qu’ont les gens de manifester leur foi. «Les gens pratiquent différemment. Il y a du potentiel dans quelques communautés. Dans certains milieux, il y a beaucoup de jeunes familles et les parcours familiaux ont donné de beaux résultats.
Source: Eric Gourde, La Voix du Sud, le 24 septembre 2019