HOCKEY. Il n’y a pas que les entreprises de la région qui font face à une pénurie de candidats pour assurer leur fonctionnement. Le nombre d’arbitres au hockey a passablement chuté au cours des dernières années, suffisamment pour inciter les organisations de hockey mineur et autres à innover pour recruter.
Charles Lemelin-Ruel tenait à épauler William Boily qui «arbitrait» ses premiers matchs samedi dernier
La baisse d’officiels disponibles pour assumer la tâche se chiffre à près de 30 % en cinq ans. Dans Bellechasse-Etchemins, les responsables locaux ont dû être créatifs pour combler les postes devenus disponibles avec le temps.
Responsable des officiels pour la région Québec Chaudière-Appalaches, François Talbot avoue discuter avec les associations de hockey mineur pour cibler des candidats. «La personne qui ne fréquente jamais les arénas, ce n’est pas quelque chose qu’il pourrait faire s’il n’a jamais côtoyé ce milieu-là. Un parent dont l’enfant vient de terminer son stage ou le jeune lui-même peuvent devenir des intéressés.»
Le recrutement se fait généralement en bas-âge indique-t-il. «Nous sommes rendus à 13 ans pour recruter des candidats. Ils doivent avoir un peu de volonté et la capacité de se faire une carapace, avec ça, pour bien composer avec l’environnement.»
Un bon travail de recrutement s’est fait sur le territoire de Bellechasse-Etchemins au cours des trois dernières années, mais le besoin demeure criant, indique-t-il. «Plus il y a de matchs de joués sur un territoire, plus la situation peut être fragile. L’organisation du Pro-Lac a moins de matchs que celle de Bellechasse par exemple, alors le besoin n’est pas le même. L’organisation des Commandeurs de Lévis joue beaucoup de matchs locaux à Saint-Henri et Saint-Charles par exemple, alors cela crée un besoin.»
Charles Lemelin-Ruel, responsable pour le secteur Sainte-Claire, Saint-Anselme et Saint-Damien, a une trentaine d’officiels sous sa gouverne. «Je suis allé chercher près d’une dizaine de candidats qui ne devaient pas arbitrer cette année. En donnant une formation ici à Sainte-Claire, cela en a convaincu quelques-uns de revenir. Une alliance avec le tournoi Midget de Saint-Anselme permet aussi de couvrir les coûts de formation et assure un certain revenu pour assumer les coûts d’achat de l’équipement nécessaire.»
L’esprit de groupe a aussi un effet positif à son avis. «Il faut aussi créer un aspect social autour de cela. En ayant cette confrérie, il y a un effet d’entrainement et il faut ramener ça. La venue d’un officiel peut amener l’un de ses amis à vouloir intégrer le groupe. Il y a plusieurs recettes possibles.»
William Boily, résident de Lévis et originaire de Saint-Philémon, est l’un des nouveaux à tenter l’expérience cette année. «J’étais en sport-étude au cours des cinq dernières années et je revenais dans le coin. J’ai toujours voulu essayer cela.»
La présence des officiels est nécessaire au bon déroulement d’un match de hockey ou de tout autre discipline
Dans les Etchemins, Patrick Lachance confirme que le besoin était pressant il y a quelques années. «Il y a quatre ou cinq ans, il ne restait que deux arbitres à Lac-Etchemin. On a depuis réussi à hausser le nombre à près d’une dizaine, ce qui est très bien et à Saint-Prosper, c’est un peu la même chose. À Lac-Etchemin il y a trois ans, nous avions choisi de rembourser une bonne partie du coût de la formation annuelle des officiels, ce qui a été bénéfique.»
L’encadrement y est aussi pour quelque chose à son avis. «On ne laisse jamais seul un jeune de 14 ou 15 ans, par exemple. Il y aura toujours un adulte qui travaillera avec une recrue. Cela empêche la critique et met le jeune en confiance. L’apprentissage se fait aussi plus rapidement. Il faut aussi que le jeune travaille car il y a un investissement au départ.»
Nos trois intervenants insistent sur le même aspect. La présence des officiels est nécessaire au bon déroulement d’un match de hockey et l’activité elle-même est généralement très formatrice pour tout individu qui la pratique. «Il faut avoir en tête qu’il faut être présent pour qu’il y ait un match. L’officiel est là pour faire évoluer les jeunes autant qu’un entraineur, simplement pour la communication et la sécurité des joueurs. Pas d’arbitre, pas de match et peu importe le sport», résume Charles Lemelin-Ruel.
Source: Eric Gourde, La Voix du Sud, le jeudi 1er novembre 2018