LIVRES. L’actuelle pandémie de la COVID-19 a été une source d’inspiration pour Daniel Lessard. Avec son 11e roman en carrière, intitulé « Le p’tit docteur de Saint-François-de-Beauce », il renoue avec le style historique mélangeant faits réels et histoires romancées.
En septembre 1918, le jeune docteur Laurent Cliche s’installe dans le village de Saint-François-de-Beauce (aujourd’hui annexé à Beauceville). Lui et son épouse Rose, infirmière qu’il a connue à l’Hôtel-Dieu de Québec, pensent que cet endroit sera idéal pour fonder un foyer.
« Laurent vient d’une famille aisée et n’a pas connu trop de problèmes dans sa vie. Il est idéaliste, ambitieux et veut sauver le monde. Il se rend compte rapidement que la médecine en campagne est différente. Ce sera dur de changer les mentalités », dit Daniel Lessard.
Peuple insoumis
Il y a plus de cent ans, prendre soin de sa santé était très différent des mentalités actuelles. « Ça se limitait à de l’aspirine et du camphre. Avoir les services d’un médecin coûtait cher. Des gens faisaient souvent appel à des charlatans et faiseurs d’anges (avortement) », explique M. Lessard.
Lorsque frappera la grippe espagnole, plusieurs Beaucerons montreront leur caractère de peuple insoumis.
« Des gens ne portaient pas le masque et faisaient des regroupements en grand nombre. Ils disaient qu’en campagne, l’air est pur et la nourriture est saine. On ne pouvait pas tomber malade. L’Église croyait que, pour s’en sortir, ça passait par la prière et les indulgences », mentionne l’auteur natif de Saint-Benjamin.
Recherches et langage beauceron
Daniel Lessard effectue toujours de nombreuses recherches avant d’écrire un roman historique. Cette fois-ci, il comptait notamment sur le soutien d’Andrée Roy, de l’organisme Patrimoine Beauceville.
« En 1918, 27 personnes sont décédées dans la première vague de grippe espagnole à Saint-François-de-Beauce. Cette maladie a été documentée dans les grandes villes. Je voulais savoir comment ça se passait dans un petit village », indique M. Lessard.
Comme dans ses publications précédentes, il utilise un langage beauceron dans l’écriture. Un lexique précède le premier chapitre, avec des termes comme chédévrer (construire), défuntiser (mourir), éclanches (gens faibles, maladifs) et faire tourner les sangs (rendre malade).
« J’ai pris un risque en écrivant ce livre sur une pandémie, au moment où les gens sont tannés (de la COVID-19). Nous voyons que l’histoire se répète et qu’on n’apprend pas toujours des erreurs du passé. Je ne veux toutefois pas faire la leçon à personne », précise Daniel Lessard.
Ce dernier pense déjà à son 12e roman, mais ne souhaite pas trop s’avancer sur le sujet. « Je retournerai au genre policier », dit-il simplement.
Source: Frederic Desjarins, La Voix du Sud, le 3 octobre 2021