LAC-ETCHEMIN. L’invasion russe en Ukraine ne laisse personne indifférent, encore moins la crise humanitaire qui en découle et qui a forcé des centaines de milliers d’entre eux à fuir et tout laisser derrière eux pour trouver refuge dans les pays voisins, ou encore en Amérique du Nord.
Mohamed Amine Boudlablij et son épouse Maryna Chernopolska, ainsi que leur chienne Emma, sont installés depuis peu à Lac-Etchemin, étant en quête de tranquillité, de sécurité et d’une vie meilleure. (Photo : La Voix du Sud – Serge Lamontagne)
Le Québec est aussi devenu une terre d’asile pour plusieurs et des régions comme la Beauce, notamment, ont déjà levé la main pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Ajoutez maintenant à cette liste la MRC des Etchemins.
Depuis près de trois semaines, Maryna Chernopolska et son époux, Mohamed Amine Boudlablij, sont installés à Lac-Etchemin, ceux-ci étant en quête de tranquillité, de sécurité et d’une vie meilleure. « Nous avions entendu parler du Québec et notre amie Stéphanie Lamontagne nous a invités à venir ici. Elle s’occupe bien de nous et fait tout pour nous aider », mentionnait Amine Boudlablij, lors d’une rencontre avec le couple la semaine dernière.
Cette dernière précise que c’est par le biais du site Canada – Host Ukianians/Hébergeons les Ukrainiens qu’elle est entrée en contact avec eux. « Je commentais leurs messages et je leur donnais des conseils, sans penser que ça déboucherait sur une rencontre. J’ai ensuite répondu à un message de Maryna et on a connecté tout de suite. On a continué à s’écrire en privé et je suis allée voir sa page Facebook. Une citation a attiré mon attention. Cela disait « Impossible ne fait pas partie de mon vocabulaire » et je me suis dit, voilà des gens déterminés qui sont dans l’action et qui vont aller de l’avant. Cela m’intéressait de m’investir auprès d’eux », souligne la résidante de Lac-Etchemin qui est devenue, du jour au lendemain, la marraine du couple et d’autres familles qui viendront s’établir dans la région au cours des prochaines semaines.
Résidents de -Potlova, dans l’Est de l’Ukraine, Amine et Maryna sont âgés de 27 et 31 ans respectivement (Amine aura 28 ans en octobre) et sont mariés depuis trois ans. Potlova est à mi-chemin entre Dnipro, d’où Maryna est originaire, et Kharkiv, deux villes durement touchées par les bombardements russes.
Le couple est arrivé au Canada avec un visa de 10 ans et un permis de travail de trois ans, renouvelable. Ils pourront faire leur demande de résidence permanente sans avoir à sortir du pays avant la fin de cette période de trois ans.
« C’est ce qu’on vise et peut-être la citoyenneté, dans le futur, si on se sent chez nous ici. Le fait de vivre dans un pays sécuritaire est important pour nous, ce n’est plus le cas en Ukraine. Avoir des enfants dans un pays où tu ne sais pas de quoi demain sera fait, c’est un peu délicat. La guerre ne se terminera pas demain, on sait que ça va traîner. Pour que notre pays redevienne vivable, cela prendre des décennies », convient Amine avec tristesse.
Laisser famille et amis derrière
Dentiste de formation, Amine parle russe et ukrainien, en plus du français et de l’arabe. Comme il a la citoyenneté marocaine, lui et Maryna ont pu quitter le pays avant le début du conflit armé.
« On entendait parler de la possibilité d’une attaque russe et en même temps j’avais un engagement au Maroc, alors on a eu beaucoup de chance, surtout que les frontières ont été fermées par la suite. »
Les parents de Maryna sont toujours à -Dnipro qui, comme Donesk et Louhansk, qui sont sous contrôle russe. Maryna parle avec eux chaque jour. « Le père de Maryna a un handicap, même s’il travaille. Il ne peut pas sortir du pays et son épouse a décidé de rester avec lui et de ne pas l’abandonner », mentionne Amine qui dit beaucoup apprécier la famille de son épouse qui l’a rapidement accepté et l’a toujours traité comme s’il était leur fils.
« On essaie de les convaincre de nous rejoindre, surtout en sachant que s’ils sont là aujourd’hui, peut-être qu’ils ne le seront plus dans le futur. Avec les bombardements, tu ne sais pas si tu vivras encore le lendemain, c’est l’insécurité complète », affirme-t-il en mentionnant que le peuple ukrainien, ni personne d’autre, ne méritait la guerre.
Un emploi dans la région
Avant même son arrivée en terre etcheminoise, Amine Boudlablij savait qu’un emploi l’attendait à la clinique dentaire du docteur Bruno Ferland de Sainte-Justine. S’il était chirurgien-dentiste en Ukraine, Amine ne pourra cependant pas exercer son métier officiellement ici, devant se contenter, pour le moment, d’un rôle d’assistant dentaire du fait que sa formation ukrainienne n’est pas reconnue au Québec. S’il avait obtenu son diplôme en France, la situation serait différente et il pourrait exercer son métier dès à présent, en vertu d’une entente entre les deux gouvernements.
M. Boudlablij déplore cette non-reconnaissance des acquis, ajoutant que plusieurs de ses amis qui sont médecins ou dentistes, comme lui, devraient bientôt arriver au Canada et choisiront possiblement de s’établir dans une province où ils pourront rapidement commencer la pratique officielle de leur métier.
« La reconnaissance des acquis demeure un problème et on a informé la députée qui nous a dit que la question était sur le bureau du ministre Dubé. C’est un peu dommage quand on sait qu’on a une pénurie de médecins et autres spécialistes de la santé, qu’on a un beau bassin de professionnels qui se pointe à l’horizon et que celui-ci ne peut exercer chez nous à cause de cela », renchérit Mme Lamontagne.
Le fait qu’il parle déjà français va aider Amine Boudlablij dans son intégration au Québec, mais il est conscient que ce sera plus difficile, au départ, pour son épouse qui devra suivre des cours de francisation. Il en sera de même pour tous ceux s’en viendront au cours des prochaines semaines.
Si la plupart des cours de francisation à temps plein sont actuellement offerts à Saint-Georges, Stéphanie Lamontagne a lancé des démarches visant à offrir une telle formation dans Les Etchemins, ce qui faciliterait la tâche de tous ces réfugiés qui n’auront pas de voiture à leur arrivée dans la région.