LAC-ETCHEMIN. Située dans les locaux de l’école Notre-Dame de Lac-Etchemin, la classe Participation sociale accueille 27 personnes adultes, vivant toutes avec une déficience intellectuelle à différents niveaux, qui s’y rendent afin d’y développer différentes habiletés de la vie quotidienne.
Caroline Turcotte, intervenante, ainsi que Stéfanie Turmel, enseignante, en compagnie de quelques membres de la classe Participation active de l’école Notre-Dame, soit Amie Lamontagne, Hélène Beaumont, Évelyn Turgeon, Virginie-Claire Frenette et David Boudreault. (Photo La Voix du Sud – Serge Lamontagne)
Le journal profite de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, qui se déroule jusqu’au 22 mars, pour présenter cette classe spéciale relevant du Centre de formation aux adultes du Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin, à Saint-Prosper.
Intervenante à cet endroit depuis plus de 16 ans, Caroline Turcotte souligne que les participants, âgés de 21 à 84 ans, proviennent de différentes localités de la MRC des Etchemins. Ceux-ci s’y rendent sur une base volontaire du mardi au vendredi, de 9 h à 14 h 30.
« Nous avons 27 inscrits, mais ils ne viennent pas toujours en même temps. Certains font des stages sur différents plateaux de travail, afin de développer leur autonomie. Ce sont des personnes qui demeurent en appartement, en famille d’accueil ou chez leurs parents, selon le cas. On n’y enseigne pas de matières scolaires, mais nous sommes là pour les aider à développer leurs habiletés sociales, l’hygiène, le budget, la vie en appartement et autres », indique Mme Turcotte en ajoutant que des ateliers de cuisine leur sont aussi offerts sur place.
« On fait des sorties, des voyages de fin d’année et de la cuisine. On s’occupe aussi de la boite à costumes depuis quelques années. On loue des costumes à l’Halloween, mais aussi à longueur d’année. Avec l’argent amassé, on se gâte, on se paie des récompenses et on fait des sorties, que ce soit à Noël ou en fin d’année », indique l’une des participantes au projet, Hélène Beaumont.
Caroline Turcotte confirme les dires de Caroline, ajoutant que les participants prennent part â différents plateaux de travail ou effectuent des petits contrats, notamment pour l’Essentiel des Etchemins, ce qui permet de développer leur autonomie et la motricité, tout en apprenant le respect des consignes.
Lors du récent Noël des artisans présenté à l’école Notre-Dame, les membres de la classe Participation sociale ont vendu une centaine de pots de conserves faites dans leur classe (ketchup aux fruits, betteraves, sauce à spaghetti, cornichons et autres), ainsi que différentes gâteries comme du sucre à la crème, des muffins et des biscuits, ce qui permet de financer différentes sorties comme celle qu’ils feront, ce jeudi, dans une érablière de Beauceville dans le cadre de la Semaine de la déficience intellectuelle.
Vendredi dernier (14 mars), ils ont aussi tenu une activité avec les élèves de 1re et 2e années de l’école Notre-Dame.
Une vie de famille
Lorsqu’on leur demande ce qu’ils aiment de la classe participative, certains comme Amie Lamontagne apprécient le fait que ça leur permet de sortie de la maison et de voir des gens.
« C’est comme une vie de famille. Nous ne sommes pas tous au même niveau et les responsables s’adaptent à nos conditions respectives », soutient pour sa part Évelyn Turgeon.
« On forme une belle équipe, on s’entraide et au lieu de rien faire chez nous, on côtoie des gens qui nous aiment et nous montrent de belles choses », soutient pour sa part Hélène Beaumont.
« Cela fait 16 ans que je les côtoie. Je les vois plus souvent que ma propre famille. Le fait qu’ils ne soient pas tous au même niveau représente un défi, alors nous devons nous adapter au projet de vie de chacun », indique pour sa part Caroline Turcotte en donnant l’exemple d’Évelyn Turgeon de Saint-Zacharie qui vit en appartement et a sa voiture, alors que d’autres ont de la difficulté au niveau de la lecture ou de l’écriture, ne connaissent ni les lettres, ni les couleurs.
« Caroline m’a beaucoup aidé avec les recettes pour que je puisse les faire seule, par la suite, dans mon appartement, car j’avais de la misère au début. Je suis chacune des étapes et je lui envoie ensuite une photo pour lui montrer. J’ai appris à me débrouiller avec le temps, car quand tu n’as pas toujours quelqu’un avec toi pour le faire », ajoute Hélène Beaumont.
« C’est notre paie, aussi, de voir qu’ils sont capables de reproduire seuls, chez eux, ce qu’on leur montre à l’école. On a suivi des cours de premiers soins cette semaine. Ce n’est pas tout le monde qui peut réanimer une personne, mais s’ils sont capables de voir qu’une personne est inconsciente, ils peuvent aller chercher de l’aide. »
« Comme nous avons des limitations, plusieurs personnes ont tendance à nous juger. Nous leur montrons alors que nous sommes capables de faire de belles choses, de contribuer et de travailler, même si c’est à notre rythme. On fait ce que nous sommes capables », précise Évelyn Turgeon qui, en plus de fréquenter la classe participative, travaille aux Ateliers du Lac avec quelques autres membre du groupe, ainsi qu’au Groupe Alpha des Etchemins et de siéger sur deux conseils d’administration.
Source : Serge Lamontagne, La Voix du Sud, 20 mars 2025